Compact #31 (février 2003) [5/6]
http://www.banditscompany.com/"12e rugissant. Nick Cave peut glisser (et vous faire plonger avec) dans ses phobies les plus sombres. Brisé, enragé, contemplatif, on l'a suivi dans ce parcours initiatique en jurant (rarement avouons-le) de ne plus y revenir s'il n'y mettait pas un peu du sien. Comme la dernière rasade d'alcool percutant votre matière grise après plusieurs salves de schnaps, son univers vous gangrène. On le subit tout en acceptant d'être happé par le mélo man comme ce fut le cas avec No More Shall We Part. Rincé, l'émotivité à vif, il fallait retourner vers Let Love In ou Murder Ballads pour y voir une lueur d'espoir, se sentir plus à l'aise. A l'arrivée de Nocturama, on ne savait plus sur quelle potence on allait nous presser. Finalement "Wonderful Life" est la main tendue à ceux encore dans le sillage de Nick Cave. Une ouverture timidement optimiste vers 9 autres titres tout aussi extraordinaires. Il y a ce décalqué "Dead Man In My Bed" ou encore ces 15 minutes totalement barrées de "Babe, I'm On Fire", titre interminable d'improvisations, torché à la méthode de From Her To Eternity. Mieux encore, cette rencontre improbable avec Chris Bailey sur "Bring It On" qu'aucun d'entre nous aurait pu imaginer aujourd'hui. Puis "She Passed By My Window" où violon et pedal steel confinent une atmosphère mélancolique. Mais Nocturama est avant tout la voix de Nick Cave, magnifique, vibrante ("Right Out Of Your Hand", un chef d'oeuvre !) domptée malgré les humeurs changeantes d'une plage à l'autre. Il paraît qu'une semaine fut seulement nécessaire à l'enregistrement. Rarement une telle spontanéité n'a touché un tel sommet. Vertigineux !" LAURENT ERRE
D-Side n° 14 (janvier-février 2003)
http://www.d-side.org/"Moins de deux ans après le mi-figue mi raisin No More Whall We Part, les Bad Seeds reviennent avec un douzième album enregistré en à peine dix jours. Il en résulte un son live et quelques morceaux aussi inspirés que nerveux, notamment grâce à Nick Launay aux manettes, celui-là même qui avait produit le " Release the Bats " de Birthday Party. Sans avoir l'énergie des débuts, Nocturama fait plaisir et, hormis deux ou trois chansons d'amour piano-sirupeuses, il renferme d'excellents morceaux aux thèmes variés et à l'humour souvent très noir. "Dead Man in my Bed" pourrait être le pendant de "Jack the Ripper" (sur Henry's Dream), "Bring it on" (avec Chris Bailey des Saints en guest) aurait pu être écrite par Passion Fodder, "There is a Town" est d'une mélancolie devenue rare chez Nick Cave et "Babe, I'm on Fire" est un brûlot de près de quinze minutes qui clôt l'album de manière totalement excitée, dans tous les sens du terme. Et puis Nick Cave chante comme on l'aime, sobre mais efficace, Blixa "Neubauten" Bargeld joue de façon toujours "inexplicable" ; Mick Harvey, Conway Savage et les autres n'étant pas en reste. "Still in Love" with the Bad Seeds, donc !" YANNICK BLAY
Digital Rock Vision n° 2 (février-mars 2003)
http://www.digitalrockvision.com/"Il y a pratiquement vingt ans, le premier album de Nick Cave And The Bad Seeds, "From Her To Eternity", sortait. Un album plein de tension retenue, de cris et de chuchotements mélangés. Aujourd'hui, le ténébreux crooner appris à maîtriser cette même tension. Peut-être un peu trop même si on se réfère aux deux dernières productions du chanteur australien. Car à vouloir trop polir les arrangements (cordes, piano), les Bad Seeds en perdaient un peu de leur spontanéité légendaire. "Nocturama" renoue avec la simplicité des débuts, l'expérience et la technique en plus. La production est certes léchée, mais elle ne prend jamais le pas sur les petites histoires de Mister Cave qui confirme ici une nouvelle fois son talent de conteur. Au contraire, elle sait se mettre à leur service pour mieux les souligner, tantôt avec force, tantôt avec délicatesse, pour s'effacer totalement dans un final de quinze minutes d'une beauté abyssale. Frissons garantis" OLIVIER DUCRUIX
Elegy n° 26 (février-mars 2003)
http://www.elegymag.com/"Nous avions beaucoup aimé le dernier album de Nick Cave, And No More Shall We Part, l'année dernière, mais il est vrai que de nombreux fans avaient été déçus, ou en tout cas moins enthousiastes qu'au « bon vieux temps »... Gageons que ces mêmes accros de l'un des meilleurs songwriters contemporains réviseront leur jugement à l'écoute de ce nouveau Nocturama. Là où son prédécesseur laissait entrevoir des airs d'essoufflement, de trop calme, voire presque de l'ennui, ce nouvel opus s'annonce varié, dynamique et bougrement riche. Les morceaux se suivent et ne se ressemblent pas, les fascinantes ballades typiques du Sieur et de son piano répondent toujours présentes (« Wonderful Life », « Still In Love », etc.), pas d'inquiétude de ce côté-là, mais côtoient cette fois quelques guitares bien énervées, quelques pièces délicieusement bruyantes, dont le fantastique « Dead Man In My Bed », auquel Chris Bailey vient prêter sa voix, ou le fort défoulant « Babe, I'm On Fire ». L'explication à cette diversité retrouvée nous est fournie par Nick Cave himself : « And No More Shall We Part » avait été composé et arrangé presque entièrement par Mister Cave exclusivement, « Nocturama » a été enfanté par Nick Cave et ses Bad Seeds, ce premier laissant à ces derniers une marge de manoeuvre bien plus grande, une liberté musicale bien plus jouissive, et par là même, la possibilité de créer un très bel album qui, sans perdre la douceur introspective des compositions « caviennes », se trouve enrichi de tout un tas de succulentes idées. Un petit délice." ALYZ TALE
Presto! n° 68 (mars 2003)
http://www.presto.presse.fr/"Le dandy Australien vient de nouveau hanter nos sens les plus à même de ressentir l'émotion. C'est à des instants très fort qu'il faut se préparer en écoutant le nectar qui découle tendrement de la plante qu'ont engendré avec le Maître, "les Bads Seeds", les mal nommés pour l'occasion. Le soleil vient de se coucher, la nuit s'installe, M. Cave a trouvé son idéal et débute par le mélodieux. "Wonderful Life", 7 mn pour nous transcrire son bonheur. Son piano comme arme, sa voix comme détonateur et la musique des Bad Seeds mise en avant comme rarement . Nick a besoin de se sentir entouré de ses proches et Mick Harvey et son gang en font positivement les frais. Nocturama que l'on ressent comme une production forte et travaillée a été pourtant engendrée en 7 jours dans son île natale. Tout comme il n'a jamais hésité à doubler sa voix avec de la tendresse féminine ("Right Out Your Hand"), il a croisé pendant la séance d'enregistrement la route de son ami Chris Bailey. A l'époque, celui-ci officiait comme chanteur dans le groupe punk : The Saints. Il vient de son timbre grave suppléer Nick sur deux morceaux dont le succulent "Bring It On" (dont le clip surprendra, en effet une vingtaine de magnifiques jeunes filles blacks huilées et extrêmement peu vêtues se déhanchent langoureusement - clin d'il aux clips formatés de rap - pendant que le groupe joue imperturbablement son hit !). Mais une des surprises majeures vient également des titres enjoués tel que "Dead Man In My Bed" (l'humour noir du personnage, titre qui est tiré d'une réflexion de sa femme ) et de "Babe, I'm On Fire", 14 mn de folie. Le fait qu'il ait appelé Nick Launay à la réalisation avec qui il avait travaillé au temps des Birthday Party ?
Nick Cave a émis le souhait d'enregistrer un album par an et certifie qu'il a déjà bien avancé dans l'écriture du suivant. Pour plus de renseignements sur les tournées (et autres), je ne peux que vous conseiller d'aller visiter le site http://cavelodge.fr.st, réalisé et tenu régulièrement à jour de main d'expert par un nordiste." EMMANUEL QUÉVA
Recording Musicien n° 19 (mars 2003)
http://www.studiopress.fr/"Wonderful Life. C'est avec cette chanson étonnamment positive que commence « Nocturama », douzième album studio de Nick Cave et ses Bad Seeds. Avec tout de suite, une question : le sombre chanteur pratiquerait-il la méthode Coué ? Habitué à de sombres tergiversations sur le monde, Nick Cave se laisse aller à une simplicité et un enthousiasme qui lui vont bien. Depuis « The Boatman's Call », à la tristesse parfois un peu complaisante, l'échalas australien est progressivement revenu à des sentiments plus amènes. « No More Shall We Part », empreint d'ambivalence, montrait le songwriter à la croisée des chemins : désireux de laisser la lumière pénétrer son univers, mais pas encore prêt à abandonner son long manteau noir. « Nocturama » fournit un bon indicateur de l'état de son auteur : album le plus spontané de Nick Cave depuis « Let Love In », il est aussi un bel hommage au groupe qui l'accompagne depuis près de 20 ans. Accompagnateurs de rêve, capables de s'effacer quand la chanson le demande, ils s'offrent ici de bien belles ruades. La pièce de résistance de ce disque est l'extravagant Babe I'm on Fire. Pendant un quart d'heure fiévreux, Nick Cave ausculte les différents stades du désir. Chaotique et brutal, le morceau déconcertera ceux qui ont découvert le chanteur susurrant Where the Wild Roses Grow sur MTV avec Kylie Minogue." CYRIL VAUTIER
RifRaf n° 89 (avril 2003)
http://www.rifraf.com/"Dans sa passionnante réflexion autour des 'Basement Tapes' de Dylan, 'La République Invisible', Greil Marcus en vient à décrire le moment crucial où, dans la country, le violon, d'instrument à fonction musicale, est devenu instrument à fonction sémiotique. C'est à dire : le violon n'est plus tant partie prenant de la mélodie ou de l'harmonie que signe à destination de l'auditeur qui est de la sorte guidé et mené en terrain (re)connu. Ce passage d'une fonction à l'autre est selon toute certitude ce qui signale le plus la country aux oreilles du néophyte et l'empêche souvent d'entrer dans cette musique qui serait de la sorte un ramassis de clichés - à commencer par le 'crin-crin', donc. On pourrait étendre la réflexion de Marcus à chaque genre musical, de la musique baroque à la techno la plus pointue en passant par le blues ou le 'Mersey Beat', cela va sans dire. De façon plus subtile, on peut aussi regarder à travers ce prisme la carrière de nombre de musiciens. Ainsi, Keith Richards : quand sa guitare a-t-elle perdu sa fonction musicale au profit de la fonction sémiotique, plus au service d'un 'son' Rolling Stones que de véritables chansons ? Il y a bien longtemps, me direz-vous. Pour Nick Cave, par contre, c'est plus récent - et ça ne concerne pas qu'une guitare. C'est une dynamique musicale entière qui fonctionne désormais non pas à vide, mais sans plus signifier grand chose que la 'qualité Nick Cave' - c'était flagrant sur l'album précédent, 'No More Shall We Part', et ça ne s'est pas arrangé sur le nouveau 'Nocturama'. Un conglomérat de ballades déjà entendues en mieux sur 'The Good Son' et 'The Boatman's Call', de dubs blanchis moins mordants que sur 'Let Love in', de rocks moins percutants que sur 'Tender Prey' ou 'Henry's Dream'. Un mauvais disque ? Non. Un disque que le fans adoreront, mais qui n'aidera en rien le néophyte à comprendre pourquoi le nom de Nick Cave reste malgré tout important, fout encore des frissons rétrospectifs." DIDIER SMAL
Rock & Folk n° 426 (février 2003) [2/5]
http://www.rocknfolk.com/"Depuis que Nick cave a, en gros, arrêté l'héroïne, découvert le piano et dépassé la quarantaine, ses disques ont perdu de leur urgence romantique au profit d'une maturité sombre. Cave vieillit et on a ici l'impression que c'est ce qu'il a toujours souhaité. Sur ces chansons d'amour désormais, il prendrait presque une assise de crooner si sa voix n'était toujours aussi déglinguée. A dire vrai, il arrive qu'on ressente un ennui poli à l'écoute de ces lentes mélopées, pourtant enregistrées live et brutes par des Bad Seeds au grand complet et parfois sauvées par la classe naturelle de Cave. Il y a certes "wonderful life" qui exprime d'une voix d'outre tombe un optimisme trop premier degré pour être vrai, ou "there is a town" et son violon hypnotique, la meilleure du disque du point de vue musical. Reste qu'une chanson comme "bring it on" et son refrain grand public peut sembler limite. Ceci à cause peut être d'une écriture dont la folie, l'inventivité passe essentiellement par les paroles, moins par la musique. De "Nocturama", on retiendra également ces deux plages, les plus agressives : le salace "dead man in my bed" et ce quart d'heure de délires de plus de 40 couplets, "Babe, I'm on fire", plutôt plaisant, oui. L'une des grandes préoccupations de Cave est de vieillir avec dignité. Aucun souci, on peut affirmer qu'il ne commettra jamais d'horreur FM, toute sa vie, il s'est battu contre. Cet album cabaret n'a d'ailleurs rien de honteux. Seulement, à sa manière à lui, plus élégante que beaucoup, Nick Cave démontre, une fois de plus, qu'un chanteur de rock publie rarement son meilleur disque après 25 ans d'activité." BASILE FARKAS
(merci à Sorrowschild)
Rolling Stone n° 05 (février 2003) [4,5/5]
www.lesmags.com / www.ixopublishing.fr"Le crooner possédé et ses complices vous emmènent en enfer. Vive la damnation !
La perfection n'étant théoriquement pas de ce monde, il fallait bien trouver un petit défaut à ce treizième album studio de Nick Cave, ici avec ses Bad Seeds au grand complet. On s'en débarrasse tout de suite : l'enchaînement des trois premiers morceaux de ce Nocturama a tendance à grever la mise en route d'un disque qui, plus loin, touche souvent au sublime et prouve de toutes les façons que Nick Cave est un artiste unique et l'un des plus brillants apparus au cours des deux dernières décennies. A l'instar de son prédécesseur, No More Shall We Part, Nocturama est dominé par le piano, l'orgue Hammond et la voix de Cave, la pedal-steel et les diverses guitares ici particulièrement furibondes de Blixa Bargeld et le violon parfois grinçant, parfois cajoleur de Warren Ellis. A partir de là, tout ce petit monde fait le grand écart entre l'intimisme sacramentel de "Wonderful Life" et la fureur maniaque des quinze minutes de "Babe, I'm On Fire" qui clôt le disque sur un flot d'étincelles délicieusement interminables. Comme on l'a dit, les grands moments de ce disque sont nombreux ("Wonderful Life", "He Wants You", l'hystérique "Dead Man In My Bed", "Still In Love", "Rock Of Gibraltar") : les raéliens peuvent bien cloner à tout va, on ira tous en enfer et c'est Nick Cave et les Bad Seeds qui feront office d'orphéon. Et c'est finalement la seule chose qui compte." MANUEL RABASSE
aVoir-aLire.com : l'oeil culturel (29-01-03)
http://www.avoir-alire.com/"Ceux que l'univers de prédicateur post-romantique de Nick Cave rebutait seront cette fois conquis : plus modéré que d'ordinaire sur les références littéraires, Nocturama est avant tout l'album d'un groupe au sommet de son art, tout au plaisir de jouer ensemble.
Nick Cave a-t-il atteint l'état de grâce ? Son précédent album No More Shall We Part était venu au terme d'une attente de quatre ans et n'échappait pas à une certaine monotonie malgré de somptueux arrangements et de beaux moments fiévreux. Nocturama est son disque le plus varié et peut-être le meilleur depuis le flamboyant Let Love In de 1994, et il aura suffi d'une semaine à l'Australien et à ses Bad Seeds pour en venir à bout. Ajouter à cela que la moitié de l'album suivant est déjà composée pour se faire une idée de la créativité florissante du crooner de Melbourne.
Parmi les surprises que recèle Nocturama, le single Bring It On en est une de taille : pour la première fois depuis son duo avec Kylie Minogue, Nick Cave peut effectivement espérer toucher au-delà de son cercle d'initiés. Guitares acoustiques fougueuses sur un refrain qui bénéficie de la présence de l'icone punk australienne Chris Bailey, ancien chanteur des Saints, Bring It On semble presque formaté pour séduire les radios rock. Ce qui étonne d'autant plus que Nocturama est loin de verser dans le consensuel, et compte même avec Dead Man In Bed et la pochade de quinze minutes Babe I'm On Fire deux exemples d'un rock & roll hanté et quasi bruitiste qui s'était fait rarissime sur les albums studio des Bad Seeds.
Faut-il y voir l'influence du producteur Nick Launay (PiL, Slits, Silverchair) ? Cette vieille connaissance avait pris part aux plus grands moments du post-punk Birthday Party, l'un des premiers groupes de Nick Cave et de son acolyte Mick Harvey. Moins maniérées, débarrassées des sempiternelles références bibliques, les ballades mélancoliques de Nocturama s'avèrent les plus émouvantes du répertoire du chanteur. Discrets et inspirés, les Bad Seeds sont à leur sommet dans les ambiances oniriques de Wonderful Life et There Is A Town, où de faibles échos de guitare slide et des violons celtisants répondent à la voix particulièrement habitée de Nick Cave.
Reste à savoir si les fidèles ne regretteront pas l'absence de morceaux de bravoure hauts en couleur comme Stranger Than Kindness ou Red Right Hand. Par son titre même, Nocturama affiche une belle distance ironique avec l'image de chanteur pour jeunes filles ne sortant qu'à la pleine lune qui colle depuis longtemps aux guêtres de Nick Cave. L'Australien profite d'ailleurs de la longueur de Baby I'm On Fire pour y collecter les pires clichés associés à son univers, du vicaire en disgrâce à l'avorteur d'arrière-cour. Difficile de croire un homme doué d'une telle lucidité en danger de radotage." LUDOVIC PELISSOLO
I-Muzzik.net
http://www.i-muzzik.net/"Nick Cave na peut-être jamais été jeune. Au sein des Birthday Party comme pour ses disques solo, il a toujours fait preuve dune maturité étonnante, dune clairvoyance peu en phase avec ladolescence bien quil est aujourdhui plus de quarante ans. Depuis une paire de disques, on craignait que la maturité de lAustralien se transforme peu à peu en adulte apathique, en ancien combattant lassant. Soyons rassurés, sans atteindre certains de ses sommets comme « Henrys dream », « Nocturama » est un beau retour du crooner ténébreux. Il renoue par moments avec le rocknroll abrupt et chaotique (« Babe, im on fire ») sans abandonner les cordes lyriques et les mélodies romantiques (« Still in love »). En oscillant entre plusieurs facettes de son talent, Nick Cave sadonne à un plaisir évident en laissant parler sa plume au grès de ses envies. « Nocturama » est un bon disque, un disque appréciable pour un Nick Cave capable de mieux au sommet de son talent mais qui aujourdhui a tendance à oublier ce qui faisant sa force. Le romantisme glauque, la violence enfouie autant dans des textes que dans une musique parfaite pour accompagner les heures les plus sombres de nos vies." HARRY
No Brain No Headache (noises and tortures webzine) [8/10]
http://www.nobrainnoheadache.com/"Avec Nocturama, Nick Cave semble poursuivre dans la voie tracée par No More Shall We Part le précédent album : celle de la sagesse. Alors les mauvaises graines se seraient-elles définitivement rangées, calmées ? Et qu'est il advenu du Nick cave d'antan, le punk déjanté des Birthday Party ou encore celui qui, faisant cavalier seul, distillait ses atmosphères "spooky" sur des musiques faussement tranquilles ? Il a vieilli diront les mauvaises langues, oui mais combien d'artistes peuvent encore se vanter de vieillir avec autant de classe ? rétorquerons-nous. Car chaque disque solo de Cave, mélancolique, romantique façon crooner, est un pur régal, et ce n'est pas Nocturama qui nous contredira. Et puis il arrive encore à la troupe de s'énerver un brin sur des titres comme "babe I'm on fire" ou "dead man in my bed" et ses paroles qui ne manquent pas d'humour ("there is a dead man in my bed_ he used to be so good to me_but now he smells so fucking bad"), ou encore sur ce duo avec Chris Bailey (ancien leader d'un autre groupe australien : les Saints) sur "bring it on". Plus contrasté donc que "No more shall we part" dont il reprend les ambiances mélancoliques et tristes à grands renforts de violons et piano sur des titres comme "still in love" , "she passed by my window" ou le magnifique "there is a town", Nocturama est en fait le premier opus d'une trilogie (le groupe ayant adopté une nouvelle façon de travailler : sortir un album tous les ans les trois prochaines années) qui s'annonce du meilleur crû même si (seul bémol) afin de tenir ce rythme, il n'y aura certainement pas de tournée..." EMILIE
ObsküR[e] (février 2003, 22e édition)
http://www.obskure.com/"Nick Cave revient. Une fois de plus, tout simplement ? Non, assurément, car "Nocturama" dépoussière un peu nos âmes. Les derniers disques de Nick Cave, "The boatman's call" en tête, étaient beaux, certes, mais un peu pantouflards. Le récent "No more shall we part" avait vu Cave enfoncer le clou : du crooner, The King Of Crows revendiquait encore le statut, alors que de l'autre côté de la barrière, on attendait avec une certaine impatience et bien de la morosité qu'il stoppe la surenchère. "Nocturama" ne voit pas vraiment Nick Cave quitter ce terrain un peu marécageux, mais il y reste une lumière qui faisait un peu défaut aux derniers enregistrements, une substance qui, dès les premières salves de "Wonderful life", traverse de nouveau les notes de piano, et cette basse si ronde sur laquelle Cave repose son désenchantement. Oui, "Nocturama" regorge de lumière, et d'une force nouvelle. Cela faisait trop longtemps qu'on n'avait plus entendu Cave sortir de ses gonds. "Bring it on" lui en donne une première occasion, et même si la tentative reste mesurée, elle trahit des étouffements qui ne demandent au bâillon que de partir, la fureur en sous bassement imprégnant chaque gémissement. Certaines des rythmiques de "Nocturama" contiennent le monstre, et il ne s'en faut que de peu que l'explosion, attendue, ait lieu. Qu'importe, jusqu'à la fin, Cave bridera encore ses troupes.
Explosion. Retour en arrière sur un dernier conte apocalyptique. Birthday Party en ligne de mire ? Nous avons tout de suite oublié les poussées d'acné qui firent de "Murder Ballads" une tuerie lorsque "Baby I'm on fire" et son rock déjanté imposèrent un massacre final de plus d'un quart d'heure. Nick Cave, en vie plus que jamais, ressortait enfin de ses gonds. En face, on accuse le coup, sonné.
Rêvons un peu.
Si ce réveil se confirme, le massacre risque de faire des dégâts sur les deux prochains disques. Il ne nous reste plus qu'à espérer. On y va ?" EMMANUEL H.
Prémonition magazine (29-01-03)
http://www.premonition.fr/"Ce douzième album studio de Nick Cave, plus éclectique que les précédents, ne devrait décevoir aucun fan. Les titres qui ouvrent ce nouvel opus sont dans la droite lignée des deux derniers albums, calmes et feutrés. Le piano et la voix prédominent sur He Wants You et Right Out Of Your Hand qui pourraient être issus des sessions de "The Boatman's Call". C'est avec le single Bring It On, duo avec l'ex-chanteur de The Saints, Chris Bailey, que le ton change et que les Bad Seeds, quelque peu laissés en arrière plan ces dernières années, se font à nouveau entendre. Il faut dire que l'enregistrement de "Nocturama" s'est fait en une semaine sous la houlette de Nick Launay qui avait déjà produit les premiers albums de Birthday Party. Contrairement aux enregistrements de "The Boatman's Call" et "No More Shall We Part", l'écriture des morceaux n'était pas entièrement arrangée par Nick Cave à l'entrée en studio et la construction des morceaux s'est donc faite de manière plus impulsive, laissant une part plus grande à l'interprétation des musiciens. Liberté qui atteint son paroxysme avec le dernier morceau de l'album, Babe I'm On Fire, chanson épique quasi-improvisée à 38 couplets !
"Nocturama" possède ainsi un aspect brut, direct, autant dans les ballades que dans les morceaux plus vigoureux et la palette des ambiances y est vaste. De la nostalgie de There Is A Town au cynisme de Dead Man In My Bed, qui dépeint les joies du mariage, cet album contient tout l'univers de Nick Cave, imprégné de poésie et de blues, d'amour et de pulsions obscures, un univers personnel et sans concessions." LAURE CORNAIRE
VOIR.CA MONTREAL - la référence culturelle (06-02-03) [4/5]
http://www.voir.ca/"Ça commence tout en douceur avec It's a Wonderful Life, où Nick Cave joue les crooners assagis comme il le fait si bien depuis quelques albums, plaquant son baryton littéraire sur d'élégantes touches de piano et d'orgue. La suite logique du romantisme gothique de No More Shall We Part, pensera-t-on le temps de quelques morceaux. La machine s'emballe soudain avec Bring it On (en duo avec l'ex Saints, Chris Bailey), hit potentiel où chacun des membres des Bad Seeds (le violoniste Warren Ellis en tête) brille. Le genre de morceau que Nick ne réservait plus qu'aux aux faces B. Réchauffés, les Bad Seeds explosent sur Dead Man in my Bed, reprennent leur souffle sur quelques chansons d'amour, mais la boîte de Pandore ne se refermera pas. Il y avait longtemps qu'ils ne s'étaient pas tant amusés et au finish, ils nous clouent au sol avec l'hallucinante Babe I'm on Fire (45 couplets en 15 minutes !) probablement l'une des pièces les plus furieuses et les plus entraînantes de Cave depuis The Mercy Seat. L'album rêvé pour les fans de longue date qui désespéraient de retrouver la fureur des débuts combinée à toute la sophistication qu'on attend d'un douzième album." NICOLAS TITTLEY
Libération (14-02-03)
http://www.liberation.fr/"Vingt ans plus tôt, quand Nick Cave était surtout réputé comme rocker gothique et junkie autodestructeur, il semblait impossible d'imaginer que, non content de survivre, il se muerait en chanteur-compositeur adulte respecté tel Richard Thompson mais avec plus de cheveux et d'onéreux costards de designer. Pourtant, c'est ce qu'il advint et sa progression constante comme vocaliste, mélodiste et parolier doit être portée à son crédit. Nocturama est annoncé comme le retour de Nick Cave et des Bad Seeds à la frénésie chaotique qui agitait jadis Birthday Party, dont le producteur originel, Nick Launay, officie de nouveau derrière la console d'enregistrement. Le collectif s'est effectivement rarement autant déchaîné en studio que sur le «grand finale» de quinze minutes Baby I'm On Fire, comme sur le plus bref mais tout aussi enragé Dead Man In My Bed. Chris Bailey des défunts Saints duettise même avec Cave sur le macabre Bring It On. Ailleurs, le leader des Bad Seeds adopte toutefois une approche plus mélodique. A l'arrivée, rien de neuf : l'univers de Cave demeure sombre et menaçant. Mais, avec l'âge, il est devenu un «penseur» crédible, un conteur charismatique, et sa voix n'a jamais sonné plus convaincante et assurée." NICK KENT
Le Monde (20-02-03)
http://www.lemonde.fr/"Une inspiration crépusculaire et l'excellence de son groupe, les Bad Seeds, ont assuré l'impressionnante constance de Nick Cave. Les plus et les petits moins de sa riche discographie dépendent du choix des partis pris et des variations chromatiques. Sauvage dans Tender Prey, romantique dans Murder Ballads, dénudé dans The Boatman's Call, solennel dans le très gospel No More Shall We Part, son précédent album, l'Australien laisse entrevoir cette fois une volonté de retrouver les morsures du rock.
Produit par Nick Launay, complice des années punk quand le chanteur officiait au sein de Birthday Party, Nocturama déchire souvent le velours des complaintes à la faveur d'ambiances aussi abrasives que la voix de rocaille de Chris Bailey, ancien leader des Saints (pionniers punk de Brisbane), invité dans l'excellent Bring It On. Si l'album se referme sur quinze minutes d'incantations flamboyantes ( Babe, I'm on Fire ), des ballades de crooner (envoûtante dans le cas de He Wants You, mais le plus souvent conventionnelles) viennent malheureusement déséquilibrer ces velléités d'énergie séminale." STÉPHANE DAVET
Le Temps (08-02-03)
http://www.letemps.ch/"Vieillir sans s'empâter. Tout le défi que remet sur le métier de ses Bad Seeds un Nick Cave à la légende accomplie. Plus rien à prouver pour le ténébreux Australien, en activité volcanique depuis plus de vingt ans. Deux hivers après le couronnement liquoreux de No More Shall We Part, Nick Cave se repose ici un brin sur ses acquis innombrables. Ecriture classique et limpide, timbre reconnaissable entre mille: Nocturama dévide comme d'un jet ses délicates berceuses aux harmonies solaires. Sans grande ni mauvaise surprise sur le plan de l'écriture, ce douzième album vaut surtout pour sa sonorité somptueuse. Enregistré dans des conditions proches du live par un habitué de la maison Cave (l'Anglais Nick Launay), Nocturama démontre mieux que jamais la prodigieuse cohésion d'un groupe aux propositions fécondes. Entre le touche-à-tout Mick Harvey, la pedal-steel onctueuse de Blixa Bargeld et le violon pleureur de Warren Ellis (du groupe Dirty Three) se dessine à l'eau-forte une manière ciselée de rejouer la tradition du songwriting à l'américaine. Un peu comme si Lambchop et Tindersticks reprenaient autour du feu les mélopées d'Arthur Lee, de Tim Buckley ou de Leonard Cohen. L'égal de ces derniers, Nick Cave doit aujourd'hui beaucoup à cette modernité d'un jeu de lois constamment amendé." NICOLAS JULLIARD